Une nouvelle étude conclut que « les caméras ne sont pas forcément d’une grande utilité pour l’élucidation d’enquêtes du quotidien », relève la Gazette des Communes. Commandée par le Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), elle a été menée par Guillaume Gormand, chercheur associé au Centre d’études et de recherche sur la diplomatie, l’administration publique et le politique.
Entre fin 2013 et début 2020, le nombre de caméras de vidéosurveillance dans les cinquante villes les plus peuplées de France a été multiplié par 2,4, passant de près de 4 800 à plus de 11 400. Poussées par l’Etat à s’équiper, au travers du fonds interministériel de prévention de la délinquance, les collectivités y voient un outil indispensable dans la dissuasion et l’élucidation des crimes et des délits. Les scientifiques, eux, ne cessent de démontrer dans leurs enquêtes la faible efficacité de ces caméras très onéreuses. Dans un rapport consacré aux polices municipales publié en octobre 2020, la Cour des comptes enfonce le clou, estimant que l’efficacité n’est pas prouvée, pour des coûts importants.
« Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquêtes judiciaires, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues, explique le chercheur. Cela représente une part de 1,13 % sur l’ensemble du corpus d’enquêtes judiciaires observées ou, en ne retenant que les affaires élucidées, une proportion de 5,87 %. »
le déploiement toujours plus massif d’équipements de vidéosurveillance semble moins répondre à une vision rationnelle de l’outil qu’à des priorités politiques. L’Etat en fait une importante promotion d’un point de vue idéologique, économique et juridique depuis les années 2000.