La perception du rôle de la technologie fait souvent l'objet de clivages profonds. Ces divisions s'accentuent d’autant plus que la technologie évolue à une vitesse fulgurante. Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation de 2023 abordera ces questions, en se penchant sur les défis de l'éducation auxquels une utilisation judicieuse de la technologie peut apporter des solutions (accès, équité et inclusion ; qualité ; progrès technologique ; gestion des systèmes), tout en prenant acte du fait que nombre des solutions proposées peuvent également avoir des effets indésirables.
À l’occasion de la conférence « Communs numériques : vers un modèle numérique européen souverain et durable ? », des acteurs publics et des représentants du monde du logiciel libre, de l’open source et des communs ont échangé sur les meilleures manières de faciliter et étendre leurs collaborations.
Intéressante intervention d'Henri Verdier avec un angle de vue des communs, de la souverainté numérique européenne, la vie privée, etc.
Morceaux choisis :
« Ce que nous sommes en train de travailler là, et ça va se faire concrètement, puisque tu veux des mots concrets, ça va aboutir par une fondation européenne au bénéfice des communs numériques, c’est de dire que la seule réponse à la domination des grands monopoles, la seule réponse à la capture à nouveau d’Internet par des États, ça n’est pas forcément de fabriquer des monopoles européens. Il ne faut pas forcément opposer un Google européen à Google, un Facebook européen à Facebook. On peut aussi rêver d’un monde où il n’y aura pas de monopoles, où il n’y aura pas de capture, où il n’y aura pas d’emprisonnement des gens. Et, pour ça, il faut juste des politiques publiques à tous les niveaux, plus engagées avec les communs, et je dis bien avec les communs. C’est-à-dire qu’il faut à la fois apprendre à contribuer nous-mêmes, à s’en servir réellement. »
=> Vous avez parlé d'éducation émancipatrice au numérique ?
« Quelle est la seule différence entre un monde de consommation pure et un monde d’ouverture, d’engagement, de coopération réelle ? Pour de l’ouverture, de l’engagement, de la coopération réelle, il faut des gens qui sachent de ce dont ils parlent ; il faut des gens à la fois concernés et compétents. »
Le logiciel libre et la recherche publique partagent un objectif : le bien commun, au service de tous. Cette présentation revient sur ce que sont le bien commun et la science ouverte pour essayer de les analyser à l'aide de l'exemple de la Plateforme scientifique Analyses Protéomiques de Paris Sud-Ouest (PAPPSO). PAPPSO s'est dotée d'une infrastructure informatique complète basée exclusivement sur du logiciel libre : réseau, serveurs, stockage, calcul et postes personnels. Elle développe plusieurs logiciels scientifiques sous licence libre, dont ceux qui forment la chaîne de traitement des données de spectrométrie de masse. Ce choix naturel facilite la reproductibilité des traitements, apporte la maîtrise des logiciels et permet l'intégration de code source tiers eux-mêmes publiés sous licence libre.
Historiquement, l'apport majeur du logiciel libre à la recherche publique a d'abord résidé dans la mise en place de systèmes informatiques complexes tirant au mieux parti des réseaux. Progressivement, le logiciel libre s'est implanté avec force dans les laboratoires. En effet, d'un point de vue scientifique, l'ouverture du code source et les licences libres garantissent une plus grande réutilisation du code source et sa vérification par les pairs; la science gagnait ainsi en fiabilité. Cet élan a débordé le cadre strict du code source des logiciels pour irriguer le secteur stratégique des formats de fichier. C'est bien le monde du logiciel libre qui a contraint les éditeurs de logiciels à ouvrir les formats de leurs fichiers, jusqu'alors conservés secrets comme « arme » commerciale redoutable. De manière intéressante, l'impact a été encore plus profond, avec la prise de conscience que les données aussi devaient être ouvertes. Code source libre, formats ouverts et données publiques forment un bien commun qui est protégé par des licences. De nombreux laboratoires y contribuent en utilisant ou en produisant des logiciels libres, ou encore en publiant les données en accès libre, comme en témoignent la forge du code source du secteur public (https://code.gouv.fr) et les actions ministérielles spécifiques (https://www.ouvrirlascience.fr). Comment contribuer efficacement ? Quelles sont les Recommandations et obligations pour les établissements publics ? Quelle licence choisir ? Comment une licence copyleft peut-elle aussi séduire les partenaires privés ? Nous apporterons des réponses et des éléments de réflexion pour corriger quelques fausses croyances et promouvoir la construction collective d'une culture libre, au service du bien commun.